Non, non, NON !!
Mon cri fend les ténèbres, résonne jusqu'au fond de la cave, interrompant d'un coup l'incantation de Lachlan.
Tout s’arrête un instant.
Le silence règne, lourd, palpable.
Un poids suspendu dans l’air glacial.
Tout à l'heure, Fin m'a parlé. Sa voix douce, pourtant affaiblie, m'a soufflé des vérités insoutenables. Il m’a dit qu’à chaque fois que je m’adressais à lui, je le ramenais un peu à la vie, sans le vouloir. Il était enfermé par des chaînes invisibles, car il n’avait plus de souvenirs.
Fin... Je découvre que ce monstre de Lachlan l’a privé de sa mémoire, condamnant son esprit à errer, sans passé ni avenir. Ce nécromancien, qui a été son mentor, a façonné son âme à sa propre image : il voulait en faire une créature du mal et des ténèbres, un serviteur docile et dénué de toute humanité.
Mon esprit tourne à plein régime. Quelques instants plus tôt, j’ai entendu Fin murmurer dans mon esprit. La réminiscence d’une voix lointaine et douce.
Ses mots me hantent : "Sa lumière, sa voix sincère, sa bienveillance. Cette fantômette a été la seule véritable présence de ma mort. Celle qui n’a cessé de me ramener à la vie, d’une certaine manière. La seule à faire attention à moi. La seule à croire en moi, alors même que je refusais de sortir de ma tombe."
Parce que Lachlan avait pris ma mémoire, m’empêchant de discuter avec elle. En quelque sorte.
C’est là que j’ai compris. Lachlan, ce nécromancien qui se tient devant moi, n’est pas seulement une menace. Il est lié à Fin.
Non… il est son bourreau.
En effaçant sa mémoire, il l’a condamné à une existence prisonnière de son ignorance, à cette amnésie stérile, pour l’empêcher de renaître.
Dans mon esprit, la figure de Fin s’efface petit à petit, se perd dans un crépuscule sans fin. La lueur qui l’animait, si fragile et incertaine, s’amenuise. Il est là, pourtant, dans mon cœur, mais il s’éloigne comme un rêve que l’on tente désespérément de retenir. Et malgré les voix des autres fantômes qui se rassemblent autour de lui, lui insufflant un peu de leurs forces, de leur vie éthérée, je le vois décliner.
Lentement, inexorablement.
Une douleur, vive, me transperce.
Non… c’est impossible. Maintenant que nos chemins se sont croisés. Maintenant que je l’aime. Maintenant que nos âmes sont enfin réunies. Il ne peut pas disparaître dans l’Oubli définitivement.
Ce n’est pas pensable.
Pas juste.
Pas. Juste.
Mes poings, que j’avais autrefois, se serrent, à en blanchir les jointures de mes doigts fins. Ma détermination fait rage.
Je l’aime. Je le lui ai dit. Et j’ai senti au fur et à mesure que mes sentiments jaillissaient de mon être, de ce que je suis aujourd’hui, que la silhouette de Fin se dessinait peu à peu sur les murs.
Pourtant, à présent, il me glisse entre les doigts, comme une ombre qui se dissipe.
Je l’aime de toutes mes forces. Alors, je le lui fais sentir d’une manière puissante : je concentre toute mon énergie pour créer un lien éthéré entre nous. Une lumière douce émane de moi, traverse l’espace qui nous sépare, pour venir envelopper son corps, allongé sur ces pierres froides et arides.
Curieusement, mon énergie redouble. Des étincelles jaillissent de la pénombre et crépitent tout autour de nous.
Alors que mon amour pour lui se déploie, se fortifie, je vois son visage apparaître, imperceptiblement, sur les parois de la cave. C’est comme un mirage, un rêve qui se manifeste, une énergie subtile qui crépite dans l’air. Mes sentiments pour lui transcendent les chaînes invisibles qui nous séparent. Ils se muent en un feu d’artifice éthéré, une explosion de lumière qui éclaire les murs froids et humides de cet endroit obscur.
Lachlan se tourne lentement vers moi. Son regard cruel, ses yeux injectés de sang semblent prêts à détruire mon âme.
Celle qui part en quête de sa moitié, qui se trouve étendue sur le sol. Mais qui semble résister coûte que coûte.
Je hurle, tente de traverser cette barrière invisible qui me sépare de Fin, mais la grille reste solidement en place, me réduisant à l’impuissance. Me projetant en arrière.
Un cri jaillit de mes lèvres.
Brutal.
Sauvage.
Ravageant mes poumons fantomatiques.
Lachlan esquisse un sourire en coin. Un rictus de mépris. Son rire glacé résonne dans la cave, brisant le silence et me coupant presque la respiration.
— Petit spectre insignifiant ! hurle-t-il d’une voix qui semble emplir toute la pièce.
Les autres fantômes se taisent, tétanisés par sa puissance. Ils reculent au fond de la pièce. Une terreur froide m’envahit aussi. Seulement moi, je lutte pour ne pas céder. Pour ne pas laisser la peur me submerger. Derrière Lachlan, je distingue la silhouette de Fin, fragile et incertaine, mais bien là. Un espoir minuscule naît en moi. Une étincelle infime, suffisante toutefois pour nourrir ma détermination. Elle ne cesse de grandir.
Je concentre mon attention sur Lachlan, empêchant son regard de glisser vers Fin. L’empêchant de réaliser qu’il redevient visible à mesure que mes sentiments s’intensifient. Je dois le tenir occupé le plus longtemps possible. Le nécromancien penche la tête, faisant craquer les os de sa nuque, puis il soupire avec une exaspération théâtrale.
– Tu étais déjà comme ça de ton vivant, Gillian, ricane-t-il.
Ses mots me frappent de plein fouet. Mon prénom dans sa bouche déclenche comme un déclic. La confusion me gagne, tandis qu’une pointe de doute s’insinue en moi.
– Comment ça ? bredouillé-je, déstabilisée.
Il rit doucement, un rire sourd et moqueur, avant de reprendre :
– Quand tu as traversé cette route sans regarder. C’était si facile de t’écraser avec mon fiacre. Tout le monde savait que tu étais distraite. Tu m’as facilité la tâche.
Les souvenirs affluent soudain, tel un torrent incontrôlable qui submerge mon esprit. Je revis cet instant, cette route, le choc. Puis plus rien. Jusqu’à ce cimetière.
Mon regard se plante dans celui de Lachlan ; une rage sourde, incontrôlable, s’empare de moi.
– C’était toi, murmuré-je, ma voix emplie d’une colère glaciale.
Il hausse les épaules, feignant l’indifférence, redoublant mon animosité. Ma détermination à lui résister. À me battre.
– Je t’ai attendue. Je t’ai vue. Je t’ai roulé dessus. C’était facile, poursuit-il. Et puis, tu m’as servi de galop d’essai en quelque sorte. Tu es la première sur qui j’ai tenté un sortilège d’amnésie, pas totalement réussi, je l’avoue. Le fait de circuler en fiacre ne m’a pas aidé à me concentrer.
Son ton mielleux dégouline de satisfaction et me donnerait la nausée si je pouvais encore ressentir quelque chose de semblable.
Je me précipite contre la grille, mais une force invisible me repousse violemment.
Encore une fois.
Je suis impuissante.
Impuissante.
Comment faire ?
Comment faire ?
Mon être tout entier vibre d’une énergie nouvelle, une force que je n’ai jamais connue auparavant. Celle qui se propage autour de moi telle une onde de choc.
– Pourquoi ?
Mon cri se perd dans l’obscurité.
– On ne se connaissait pas, Lachlan.
Il éclate de rire, tout en secouant la tête.
– Nous, non, mais Fin et toi… Je ne pouvais tolérer cela. Il était mon héritier, et toi, tu as tout ruiné. Je savais qu’en tant que nécromancien, il pourrait te voir et te parler, alors je devais te faire oublier son existence. Une double punition.
À ces mots, un flash traverse mon esprit. Je bats des cils. Un souvenir longtemps enfoui refait surface. Fin et moi, main dans la main, cachés de Lachlan. Nous nous aimions en secret, espérant fuir cette emprise malsaine, trouver une liberté loin de ce maître tyrannique.
Tout s’éclaire soudain. Et surgissent les souvenirs qui me manquaient, mais qui pourtant agissaient comme un aimant en me poussant vers la tombe de Fin. Pour lui parler. Le forcer à sortir.
Pour qu’il vive sa mort à mes côtés.
Quelque part au fond de moi, j’ai toujours su qu’il existait, parce que nous nous connaissions et que mon âme n’a jamais voulu abandonner l’espoir de revoir celle de Fin.
Il a toujours été l’amour de ma vie. Il est l’amour de ma mort.
Et il le sera toujours pour l’éternité.
Je vibre, je tremble, je frissonne. J’ai froid, puis chaud, étrangement.
– Voilà, tu te souviens maintenant ? ajoute-t-il. C’est l’un des inconvénients de ce sortilège, il ne reste actif que si je me tiens éloigné de vous. Que je ne vous parle pas, que je ne vous reconnaisse pas d'existence. Le fait que je m’adresse à toi à présent détruit lentement les fils du sortilège, et tes souvenirs reviennent.
– Tu savais pour Fin et moi, dis-je, ma voix chancelant sous le poids de la révélation.
Lachlan sourit. Un rictus cruel déforme ses traits.
– Bien sûr que je savais. Il voulait devenir meilleur, changer… Et toi, Gigy, tu es celle qui a détruit mes plans. Celle qui l’a détourné du mal, de la voie que je traçais pour lui. De son avenir, AVEC MOI ! TU ME L’AS VOLÉ !
Il marque une pause avant de poursuivre :
– J’ai fait ce que j’avais à faire pour t’écarter de sa route. Seulement je n’avais pas prévu qu’il l’apprenne. Il s’est mis dans une rage folle et j’ai dû sévir. Cette fois-ci, j’ai pris mon temps, j’ai façonné mon sortilège des heures alors qu’il agonisait.
Il réalise une moue, puis reprend :
– J’ai peut-être été un peu trop perfectionniste parce qu’il a oublié jusqu’à son identité. Tu n’as pas idée d’ô combien c’était jouissif pour moi de vous voir, reposant côte à côte, sans même un souvenir de l’autre. De te voir, jour après jour, tenter de le faire sortir. L’empêchant de sombrer dans l’oubli que je lui destinais, mais prolongeant son éternel tourment. Tu es devenue sa geôlière.
Ses paroles me glacent. Cependant, je sens un feu ardent en moi.
Une force que rien ni personne ne pourra éteindre.
Fin commence à devenir plus visible, sa silhouette se dessine nettement derrière Lachlan. Je dois lui donner encore un peu plus de temps, et d'énergie. Derrière moi, Nora et Enzo poursuivent leur litanie.
— Tu es vraiment un grand malade ! Si tu prenais autant ton pied à nous voir souffrir, pourquoi m’avoir capturée ?
Je tente de gagner du temps, toutefois je dois avouer que je suis curieuse de savoir pourquoi maintenant il souhaite mettre un terme à tout ça.
— Parce que, ma chère Gillian, quand je l’ai vu sortir de sa tombe pour te chercher, j’ai compris que les bribes d'énergie que tu lui donnais étaient plus conséquentes que je le soupçonnais. Que s’il avait trouvé le courage de sortir, malgré ma présence, pour partir à ta recherche, c’était le signe que ses sentiments se réveillaient, malgré son absence de souvenirs. Je ne peux pas vous permettre d’avoir votre happy end. Je le refuse ! Alors, j’ai décidé de me débarrasser de toi, définitivement cette fois.
Une joie indescriptible gonfle mon âme et me donne la force qui me manque pour le combattre.
Une seconde.
Deux secondes.
Trois…
Et, alors que je m’apprête à ouvrir la bouche, une voix claire et forte s’élève. Elle coupe court aux paroles du nécromancien :
– Tu n’y arriveras jamais, Lachlan. Même dans la mort, je protégerai Gigy, coûte que coûte.
Lachlan se retourne, surpris. Face à Fin, qui brille d’une lueur qu’il puise au plus profond de lui. Et de mon amour que j’exprime de toute mon énergie. Sa présence emplit la pièce d’une lumière douce mais puissante, éclipse les ombres du nécromancien.
La colère et la peur se lisent sur son visage. Il recule instinctivement. Sa voix, auparavant assurée, vacille :
– Non, Fin… écoute-moi… je t’ai toujours aimé comme un fils. Reviens vers moi. Je peux te donner ce pouvoir, cette force que tu as toujours recherchée. Elle est mauvaise, Fin, diabolique, manipulatrice. Mon fils. Tu as été aveuglé par sa beauté, par ses belles promesses mais…
Fin s’avance, ignorant les propos de son ex mentor. Je perçois dans son regard une détermination inébranlable. Sa main se pose presque sur mon visage, et je sens son amour, aussi brûlant que le jour où nous étions vivants. Pendant un instant, mon esprit me souffle que Fin baisse ses défenses et que le nécromancien peut en profiter pour nous plonger définitivement dans l’Oubli. Mais, face à ses yeux doux, à son beau visage que je rêvais de voir, de revoir depuis si longtemps, une étrange amnésie me frappe. Le danger qui nous menace tous les deux s’évapore dans un souffle.
Nous ne sommes que tous les deux. Ici.
Dans cet endroit sombre, humide et sinistre.
Coupés du reste du monde.
Seuls.
Ensemble.
Comme avant.
– Gigy… depuis le jour où je t’ai vue marcher près de ce fleuve… j’ai su que je t’aimerais au-delà de la mort. Avoir confronté Lachlan pour te sauver a brisé le sortilège et mes souvenirs sont revenus. Ceux qui me manquaient. Les plus précieux. Toi et moi. Ensemble. Vivants. Depuis toujours.
Je soupire.
– Tu as toujours été l’être de ma vie, Finlay, je me souviens à présent.
Je ferme les yeux un instant, savourant ce moment. Quand sa main vient prendre ma joue en coupe, mes lèvres s’étirent en un sourire franc et heureux. En moi résonne le bonheur d’avoir retrouvé celui que mon âme appelle à grands cris depuis notre séparation.
Puis, brusquement une barrière de lumière s’élève entre nous et Lachlan. Nous forçant Fin et moi à interrompre notre moment. Le nécromancien hurle de rage, dressant les bras pour invoquer une magie sombre et malfaisante.
Mais sa puissance se heurte à une force qu’il ne peut contrôler.
Un tourbillon de radiance et d’ombre nous enveloppe, Fin et moi. Puis, je sens une chaleur intense monter en moi. Un amour infini qui se répand dans chaque fibre de mon être. Les rayons de cette lumière, emplie de joie et d’amour, s’étendent dans la pièce et pulvérisent la barrière qui confinait mes amis dans leur cellule. Ils ne perdent pas une seconde et disparaissent par le soupirail, Enzo soutenant une Nora tremblante.
Minuit sonne ses douze coups.
Fin murmure à mon oreille, sa voix empreinte de tendresse :
– Je t’aime Gigy, de toutes mes forces, même celles que je ne possède plus. De toute mon énergie, et celle que tu m’as donnée et que je garde pour toi. Personne ne nous séparera. Jamais. Je te le promets.
Ses lèvres se posent sur les miennes et la force de notre amour resplendit. une vague de lumière douce fait grimacer le nécromancien qui recule. Car s’il est vrai que les ombres ont besoin de lumière pour exister, elles ne peuvent pas la combattre et l’éradiquer.
— Je n'ai pas dit mon dernier mot ! Je ne vais pas gaspiller mes forces avec vous, j'ai un show à présenter et à cause de vous je n'ai plus de fantômes à absorber. Vous allez me le payer !
Lachlan fait volte face et s’empresse de rejoindre ses invités. Je contemple mon amour perdu, enfin retrouvé. Son visage irradie d’une lumière si vive, magnifique.
Je comprends que cet amour, plus fort que la mort elle-même, nous a libérés, Fin et moi, des chaînes qui nous enserraient.
Le silence retombe autour de nous. Si profond qu’il semble absorber le monde entier.
Ce qui m’importe est devant moi.
Celui que j’ai toujours désiré voir.
Tel un rêve irréel qui vient de se réaliser.
Fin et moi sommes là, l’un en face de l’autre. Nos contours scintillent se fondent presque dans l’air. Ses yeux, remplis de la tendresse d’un amour éternel, se posent sur moi.
Je sens sa présence, comme une brume douce qui m’enveloppe, légère comme le vent, mais intense au point de m’envahir tout entière.
Il s’approche encore de moi, son regard ancré dans le mien. Quelques pauvres millimètres nous séparent. Bien que nos mains ne se touchent pas, une chaleur éthérée émane de lui, traversant l’espace invisible entre nous. Sa voix résonne dans mon esprit, aussi douce que la brume d’un matin :
— Je ne partirai jamais, Gigy. Pas tant que tu m’aimeras.
Et avant que les mots ne se dissipent dans l’air, il penche son visage vers le mien.
Nos lèvres s’effleurent, en une rencontre silencieuse, intangible, un frisson qui transcende la matière.
C’est un baiser comme une promesse, un contact léger qui vibre de la force de notre amour.
Une lueur douce nous enveloppe, fusionne nos silhouettes évanescentes en une seule, comme si, pour cet instant suspendu, nous étions complets.
— Je ne te laisserai jamais partir, Fin. Pas tant que tu m’aimeras.
Nous nous sourions et le monde disparaît autour de nous.
Vraiment.
Il ne reste que cette étreinte.
Puissante.
Enivrante.
Irréelle.
Ce baiser qui n’appartient ni à la vie ni à la mort, mais à un lieu entre les deux, où seules les âmes peuvent se rejoindre.
Les nôtres.
Rassemblées en une seule.
Dans une seule énergie vibratoire.
Et nous nous sommes fait une promesse.
Une seule.
Nous aimer et combattre Lachlan jusqu’à la fin des temps.
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J'espère que cette histoire vous a plu ! Et que la réunion de nos trois plumes Laura Collins, Sandy Larangé et Eva Baldaras, vous aura rendu votre lecture magique !
Bravo les filles, j'ai passé un très bon moment avec votre novella ^^
Très belle histoire de fantômes❤️
Une histoire intense et pleine d'amour.
Un très beau 6 mains, merci les filles